On ne badine pas avec la souveraineté du Liban


Aujourd’hui nous ne sommes ni chrétiens ni musulmans, ni sunnites ni chiites, ni laïcs ni confessionnels, ni du 14Mars ni du 8Mars, ni de droite ni de gauche, ni au pouvoir ni dans l’opposition, ni militants ni apolitiques, ni riches ni pauvres, ni jeunes ni vieux, ni ceci ni cela. Aujourd’hui nous sommes simplement Libanais, unis pour demander le retour immédiat de Saad Hariri au Liban. 

Nous ne le demandons pas parce que nous aimons ou nous n’aimons pas Saad Hariri. Ni parce que nous soutenons sa politique ou nous ne la soutenons pas. Mais parce que Saad Hariri est le Premier ministre du Liban. Parce que, de par sa fonction, c’est le Liban entier qu’il représente.

Nous demandons son retour immédiat parce que le Liban est un pays souverain, membre fondateur de l’Organisation des Nations Unies. Parce que le Liban est un pays résistant. Même si ses fils et ses filles se sont divisés et entretués par le passé, ils ont toujours résisté à toute occupation ou hégémonie étrangère. Chaque puissance régionale ou internationale qui a essayé de nous dominer a fini, un jour ou l’autre, par s’y casser les dents.

Le retour immédiat de notre Premier ministre est une question de principe. On ne badine pas avec la souveraineté du Liban. Au nom de cette souveraineté, des milliers de Libanais sont morts. Abandonner Saad Hariri à son sort et ne pas réclamer haut et fort son retour c’est insulter leur mémoire.

Si quelques uns acceptent d’être les serviteurs obéissants de tel ou tel potentat étranger, il reste plus de 4 millions de Libanais au Liban et plus d’une dizaine de millions dans le monde qu’on aurait tort de sous-estimer. L’étonnante maturité dont ils ont fait preuve depuis la démission forcée de Saad Hariri est la démonstration qu’ils peuvent être ce grand peuple dont nous parlent si souvent les poètes.

Sans le retour de notre Premier ministre, sans la restauration de notre souveraineté, nous n’aurons aucune chance d’avoir un jour prochain des élections libres et démocratiques. Aucune chance de régler les innombrables problèmes du pays : crises économique et environnementale sans précédent, chômage pandémique, pauvreté galopante, sans parler de la présence d’un nombre de réfugiés égal à la moitié de la population totale du Liban.

Nous aurons bien le temps de nous diviser à nouveau, de reprendre chacun notre place dans tel ou tel camp, ou même de rester à l’écart du débat politique. Mais aujourd’hui, il est de notre responsabilité à tous, au delà de nos différents et de nos différences, de montrer à ceux qui cherchent à nous imposer leur volonté que le retour de Saad Hariri, Premier ministre du Liban, n’est pas négociable.


© Claude El Khal, 2017